Driss Boutti, Président de la CGEM Souss Massa
Le 14 mars 2022, la représentation régionale de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc pour le Souss Massa a vu l’élection de son nouveau président, Driss Boutti, directeur général du laboratoire Cosmaline et président du Club des Investisseurs d’Agadir Souss Massa.
Animé de belles ambitions pour dynamiser l’entrepreneuriat dans la région, le Président de la CGEM Souss Massa expose, dans cet entretien, les principaux chantiers de son mandat pour la période 2022-2024 et le rôle de la section patronale sur le plan économique, dans le cadre de cette nouvelle gouvernance territoriale de politique d’investissement.
« Depuis le lancement, en janvier 2018, de la déclinaison régionale du Plan d’Accélération Industrielle du Souss Massa, sous la présidence effective de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, notre région connaît une dynamique sans précédent en matière d’investissement industriel et d’installation d’infrastructures d’accueil. Il va sans dire que le développement d’une région sur le plan économique ne relève pas de la seule responsabilité des pouvoirs publics. Il nécessite aussi l’implication et surtout l’engagement de l’ensemble des parties prenantes de la société, notamment le secteur privé.
À cet égard, la section de la CGEM Souss Massa, avec d’autres partenaires et opérateurs économiques de la région, comptent insuffler une nouvelle dynamique au développement économique en général et à la déclinaison du PAI en particulier. Cette dynamique régionale permettra, d’une part, d’accompagner le développement économique de notre territoire où il fait actuellement bon d’investir, à travers un cadre plus favorable à l’investissement productif et créatif. De l’autre, la CGEM œuvre pour que la région soit au rendez-vous avec les différents engagements pris devant Sa Majesté durant ces cinq dernières années. »
Concrètement, quelles sont les mesures prévues dans le cadre de votre plan d’action pour atteindre les objectifs tracés, notamment en matière d’emploi et de création de valeur ajoutée ?
« En tant que CGEM, les mesures concrètes que nous avons déjà prises au niveau de la région Souss Massa sont tout d’abord la création d’un espace dédié aux investisseurs au sein de la section régionale de la CGEM Agadir Souss Massa.
Nous recevons les investisseurs deux fois par semaine dans le cadre d’une écoute positive pour les accompagner dans leurs démarches et contribuer à la résolution des éventuels obstacles rencontrés auprès des différentes administrations.
Durant ce mois d’avril, nous avons déjà accueilli plusieurs investisseurs dans l’objectif de les appuyer et de faciliter leur acte d’investir dans la région. Bien évidemment, ce travail se fait parallèlement aux réunions périodiques de concertation et de coordination avec M. le Wali de la Région Souss Massa, Monsieur le Président du Conseil Régional et M. le Directeur du CRI Souss Massa. »
Dans ce contexte de relance économique survenue après la crise sanitaire, quel regard portez-vous sur cette déclinaison du PAI, notamment en matière de foncier industriel, installation de projets et politique d’incitation à l’investissement ?
« La crise sanitaire s’est prolongée plus que prévue. Elle a
été accentuée par les conséquences de la crise ukrainienne. Malgré ce contexte d’instabilité économique, la région Souss Massa dispose d’un capital de confiance qui lui a permis d’installer, durant ces temps de crise, son image de marque. C’est une destination où il fait bon investir grâce à son capital humain, levier essentiel du développement économique et de sa position géographique replacée dans le cadre d’une nouvelle centralité géographique, conformément au Discours Royal prononcé à l’occasion du 44e Anniversaire de la Marche Verte.
Grâce à la déclinaison régionale du Plan d’Accélération Industrielle (PAI), la région s’est dotée d’infrastructures de base de qualité, d’une zone d’accélération industrielle et d’autres zones industrielles, en plus d’un bouquet d’incitations à l’investissement pour la création de richesse et d’emploi. En tant que CGEM, nous apportons tout l’appui nécessaire aux entreprises, surtout dans ce contexte de crise, afin de dynamiser l’investissement et consolider les bases d’une relance économique dans notre région. »
En tant que représentant du tissu économique constituant une force de proposition, quelle place occupe la CGEM dans le cadre de cette nouvelle gouvernance territoriale et comment comptez- vous y contribuer ?
« Comme vous le savez, la CGEM est une force de propositions. Au-delà de son rôle économique, la CGEM a également une responsabilité sociale qui complète les différentes politiques publiques. Il est à noter que, durant les différentes Visites Royales à l’étranger, la CGEM, en tant que partie prenante, a contribué à la consolidation des partenariats économiques avec les différents pays.
Aujourd’hui et plus que jamais, la CGEM a un rôle très important à jouer dans le cadre de cette nouvelle gouvernance territoriale à l’échelon régional, puisqu’elle est pratiquement associée à tous les projets de développement économique, aussi bien au niveau national que régional et international, d’où cette nécessité de fédération des efforts, afin d’offrir toutes les conditions favorables à l’investissement en faveur de notre tissu économique. »
Quelles sont les priorités de votre mandat 2022-2024 ?
« Notre plan d’action englobe des actions à court et moyen terme, mais aussi des objectifs tracés à long terme. À court terme, l’objectif est
de mettre en œuvre des lignes maritimes directes reliant le port d’Agadir aux enceintes portuaires des pays d’Afrique de l’Ouest. Dans ce sens, la première solution logistique que nous voulons mettre en place est celle reliant le port d’Agadir aux ports autonomes de Dakar au Sénégal et d’Abidjan en Côte d’Ivoire. Cette ligne offrira également la possibilité
de réexporter vers les pays voisins du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, notamment le Mali, le Burkina Faso, le Niger et d’autres pays frères.
Parallèlement, les consultations pour la mise en œuvre de
cette première ligne directe ont déjà été initiées avec les acteurs concernés, y compris les compagnies maritimes et d’autres opérateurs étatiques, ainsi que le tissu économique de la région.
La deuxième ligne que nous voulons lancer ambitionne de relier le port d’Agadir à Douala au Cameroun afin de desservir le Nigeria, le Togo, le Gabon et le Bénin.
Dans cette perspective, un groupe sud-africain qui opère déjà avec des entreprises marocaines à Dakhla, Lâayoune et Agadir, s’est manifesté pour la mobilisation d’un bateau entre Agadir et Cape Town. Avec une fréquence prévue de deux fois par mois, cette ligne permettra d’acheminer 5000 tonnes, essentiellement de produits de la mer.
Une fois installées, ces lignes permettront de renforcer le positionnement de la Zone d’Accélération Industrielle (ZAI) du Souss Massa à vocation généraliste, multisectorielle et multi-écosystème industriel réalisée dans le cadre du Plan d’Accélération Industrielle du Souss Massa, et mettre le cap sur l’Afrique. L’idée est de conférer à cette ZAI une vocation africaine pour encourager les entreprises étrangères à s’installer dans cette zone et exporter vers l’Afrique de l’Ouest en tirant profit aussi de la stabilité économique de notre pays.
Le deuxième volet, sur lequel nous exerçons du lobbying actif, est la nécessité de doter la région d’un aéroport de dernière génération afin de faciliter sa connectivité avec le reste du monde. Le troisième projet qui nous tient à cœur est « l’Agadir International Atlantique Zone », un nouveau port qui se situera à 40 km au sud d’Agadir pour développer d’emblée les échanges commerciaux avec la région.
S’agissant de la question du marketing territorial, à l’instar des
autres régions du Royaume, le nom de la région doit impérativement commencer par le chef-lieu de la région, à savoir « Agadir Souss Massa » pour faciliter l’assimilation de l’image de marque de la région et redresser son positionnement, surtout lors de sa participation dans les différents salons et foires. Nous comptons effectuer les démarches nécessaires avec les différents partenaires, notamment la région et le collectif des chambres professionnelles pour demander officiellement le changement du nom de la région Souss Massa en Agadir Souss- Massa, afin de capitaliser sur la réputation de son chef-lieu. »